Tuesday, November 18, 2008

World Wants Germany to Act Against the Crisis

Le monde presse l'Allemagne d'entrer dans la voie de la relance

LE MONDE | 17.11.08 | 10h29 • Mis à jour le 17.11.08 | 14h00

Washington, envoyé spécial

Après la Chine et le Japon, l'Allemagne ? Les dirigeants des vingt principales puissances économiques du monde, réunies au sein du G20, ont appelé, samedi 15 novembre, à "utiliser des mesures budgétaires pour stimuler la demande interne avec des résultats rapides". En clair, un plan de relance, qui ne peut marcher que si les grands exportateurs jouent le jeu. La Chine et le Japon avaient agi en amont de la réunion de Washington (455 et 207 milliards de dollars de relance). Reste l'Allemagne, premier exportateur mondial et seul pays européen à disposer, avec les Pays-Bas, de fortes marges de manœuvre budgétaires.

Selon la Commission européenne, la puissance économique dominante du Vieux Continent aura un budget quasi équilibré en 2009 et 2010. Rien à voir avec la glissade britannique –un déficit de 5,6 % du produit intérieur brut (PIB) est prévu pour 2009 –, française (3,5 %) et espagnole (2,9 %), qui limite leur marge de manœuvre. L'Italie, un peu mieux lotie (2,6 %), compte annoncer un plan de 80 milliards d'euros.

Seule l'Allemagne d'Angela Merkel est réticente. "Faire du déficit budgétaire pur sans objectif stratégique ciblé ne résout pas les problèmes", prévient Ulrich Wilhelm, le porte-parole de la chancelière allemande. "Il ne faut pas générer une nouvelle bulle, comme l'a fait Alan Greenspan aux Etats-Unis, ni espérer une solution simple qui ne viendrait que de l'Allemagne", précise-t-il. Quant à la faiblesse de la consommation allemande, le gouvernement assure qu'il n'y est pour rien, le taux d'épargne des ménages étant extrêmement élevé.

Depuis des années, les relances budgétaires étaient proscrites, les économistes préconisant l'arme monétaire en cas de choc affectant toutes les économies. Si le G20 reconnaît "l'importance du soutien que la politique monétaire peut apporter", les marges de manœuvre sont devenues nulles au Japon – les taux sont à 0,25 % – mais aussi aux Etats-Unis (1,5 %).

Résultat, les dirigeants redécouvrent les vertus d'une relance keynésienne mondiale, à condition que tous jouent le jeu. L'objectif est d'éviter qu'un pays relance seul, comme la France en 1981, ce qui avait profité à ses partenaires commerciaux. "Le plan de relance budgétaire d'un pays peut être deux fois plus efficace pour augmenter la croissance si ses principaux partenaires commerciaux adoptent eux aussi un plan de relance", a expliqué Dominique Strauss-Kahn, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), qui a plaidé pour une relance budgétaire de 2 % du produit intérieur brut (PIB) susceptible selon lui de générer un surcroît de croissance de 2 %.

EN ATTENDANT M. OBAMA

Nul ne conteste l'urgence d'agir, d'autant que la crise, financière hier, économique aujourd'hui, sera sociale demain, comme l'a expliqué le premier ministre australien, le travailliste KevinRudd. Il faut éviter le spectre de la crise de 1929 (déflation, chômage massif, récession) sans retomber dans les erreurs des années 1970 : la relance consécutive au choc pétrolier avait conduit à une spirale inflation-salaires génératrice de chômage et à une perte de compétitivité.

"Relancer la croissance, cela ne veut pas dire créer de nouveaux déséquilibres. Ce serait une erreur majeure", a mis en garde le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Agacé, Nicolas Sarkozy, qui a redécouvert Keynes, l'a interrompu pour dire qu'il voulait une relance "forte", tout en assurant qu'une telle politique "ne veut pas dire augmentation des prestations, distribution de l'argent qu'on n'a pas".

Les Allemands, qui veulent rester sur leur ligne orthodoxe, proposent toutefois d'agir au niveau du budget européen, en réaffectant les crédits non utilisés de la politique agricole commune, en raison du niveau élevé des cours mondiaux (2,4 milliards d'euros prévus en 2008). Une telle opération avait été réalisée pour financer les satellites Galileo. "Normalement, ces surplus doivent revenir aux Etats. L'Allemagne veut bien les réaffecter au financement de projets d'innovation", propose M. Wilhelm.

Cette proposition serait compatible avec le plan de relance que détaillera la Commission européenne le 26 novembre. Elle veut agir sur l'investissement et l'innovation, notamment en matière environnementale et énergétique. Ce biais permettrait d'aider l'automobile, alors qu'elle regarde avec suspicion les volontés de sauvetage français et allemand.

Restent les Etats-Unis. Leur marge de manœuvre est limitée tant que le président élu, Barack Obama, n'aura pas été investi, le 20 janvier. Le Congrès, dominé par les démocrates, veut dès à présent d'un plan de relance de 60 à 100 milliards de dollars (jusqu'à80 milliards d'euros). Mais le Sénat ne l'a pas adopté et George Bush s'y oppose. "Si le Congrès n'adopte pas un plan immédiat pour donner à l'économie l'encouragement dont elle a besoin, ce sera ma première décision en tant que président", a promis M. Obama.

Arnaud Leparmentier

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