Thursday, March 26, 2009

Le "show" de Nicolas Sarkozy devant les députés UMP

LEMONDE.FR | 25.03.09 | 19h41 • Mis à jour le 25.03.09 | 21h01

U n exercice comme il les aime, dès qu'il y a de la friture sur la ligne avec sa majorité. Après les dissonances exprimées ici ou là sur l'OTAN, le bouclier fiscal, la gestion de la crise, Nicolas Sarkozy avait convoqué les députés de l'UMP à l'Elysée, mercredi 25 mars, à l'heure du déjeuner. Le problème est que cela fonctionne de moins en moins. Certains ne prennent même plus la peine d'y aller. Les autres commentent les propos présidentiels comme s'il s'agissait d'un sketch, se remémorant les meilleurs passages, en retenant les "bons mots". Exemples choisis, à la manière de Cyrano.

Matamore. "En France, on avait trois handicaps : les 35 heures, les grèves et la fiscalité. On a réglé les 35 heures. Quand il y a une grève comme celle du 19, le pays n'est pas paralysé. Sur le bouclier, ma capacité à reculer n'est pas d'un millimètre. Prenez-moi bien en photo : je ne créerai pas une nouvelle tranche d'impôt, on n'abandonnera pas le bouclier fiscal."

Pugnace. "On ne peut pas imaginer des bonus dans les entreprises aidées par l'Etat. Le Medef a jusqu'au 31 mars pour nous faire des propositions. Je ne peux pas accepter que Laurence Parisot dise qu'elle n'a pas le désir d'évoquer le partage des profits. Mais on ne peut pas faire boire un âne qui n'a pas soif. Si le Medef y va pas, on ira par la loi."

Princier. "Je veux une liste des paradis fiscaux et les faire sanctionner. Je ne veux plus que les banques travaillent avec les Caïmans, Hongkong et Macao. Sinon, je démissionnerai de mon poste de coprince d'Andorre. Monaco doit aussi s'aligner : j'en parlerai au prince Albert. Même la Suisse a cédé."

Pédagogue. "On est le dernier pays à avoir l'ISF. Bon courage pour savoir qui est riche. Si on supprime le bouclier, on tapera sur les classes moyennes. On a deux impôts sur le revenu et l'ISF. Sinon, ça laisse à penser à ceux qui ont de l'argent qu'on va leur demander d'expier. Moi, je préfère qu'ils investissent."

Décomplexé. "On a un complexe en France avec ceux qui réussissent, qui gagnent de l'argent. Je parie que le candidat PS en 2012 ne voudra pas revenir sur ce qu'on a fait sur les droits de succession. Ne tombez pas dans le piège de la social-démocratie."

Fataliste : "Pas une seule réforme ne nous apporte pas d'emmerdes."

Volontariste : "Moi, je vais dans les entreprises toutes les semaines et je monte sur la caisse."

Moraliste : "Une famille doit s'occuper de ses vieux."

Radical : "Quand un préfet fait mal son travail, il dégage. C'est normal. Et qu'est-ce qu'on dit des directeurs de rédaction qui perdent des lecteurs ? Eux, ils sont pas changés."

Optimiste : "La crise nous rend notre liberté. Elle nous donne la possibilité de renouveler notre corpus idéologique, ça nous fait réfléchir. La période est formidable. C'est nous qui conduisons le bateau. On n'a pas le droit d'avoir peur. Je me fais taper dessus, mais j'ai la banane. On a besoin de nous et ça paiera."

A la sortie du show présidentiel, les critiques étaient unanimes : "Un bon spectacle."


Patrick Roger

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